La schizophrénie et l'ostéopathie

La schizophrénie est une pathologie classée par l’OMS parmi les 10 maladies les plus invalidantes. Elle touche près de un pour cent de la population mondiale soit 600 000 personnes en France. 
La prise en charge actuelle de cette pathologie est large et induit des effets secondaires que la médecine tente de réduire au maximum.

 

 

La schizophrénie. 

 

La schizophrénie est une pathologie mentale se caractérisant par une perte de contact avec la réalité et un repli sur soi. Elle touche environ 1% de la population. D'un point de vue étymologique, schizo vient du grec " skhizein " qui signifie fendre, séparer et phrénie de " phrên " qui veut dire esprit. Lors des crises de schizophrénie, le patient perd le contact avec la réalité, un contact que l’on tente de rétablir en le touchant. 

 

Les différentes caractéristiques de la maladie

 

L'anosognosie 

 

Cela signifie que le patient schizophréne n'a pas conscience d'être malade, alors que sa maladie apparait de façon évidente.

Il vit les hallucinations intensément et comme réelles.

 

Comment, dans ces conditions prendre en charge un patient qui ne se sait pas malade ?

 

Le syndrome délirant 

 

Le délire témoigne de la perte de contact avec la réalité.

Le délire est composé d’hallucinations qui sont fréquemment auditives ou visuelles mais elles peuvent également être cénesthésiques (perçues à l'intérieur de son corps), tactiles (sensations) ou psychomotrices lorsqu'elles concernent une partie du corps.

Le contact physique favorise le retour à la réalité.

 

Le syndrome autistique 

 

C'est dans ce cadre que l'on observe très souvent chez les patients schizophrènes le retrait, l'isolement.

Le patient peut rester seul plusieurs jours, voire plusieurs semaines, il ne semble pas intéressé par le contact social.

On remarque également une incapacité à entreprendre et à poursuivre une conduite volontariste, des troubles de l'attention ou de la concentration et une pauvreté du discours. 

 

Le syndrome dissociatif 

 

C'est une des caractéristiques majeures de la schizophrénie. Les symptômes essentiels sont la dépersonnalisation et la discordance.

Le sujet perd le sentiment de sa propre réalité ou ressent son corps comme irréel. Les objets qui l'entourent lui semblent étranges, comme s'il ne les reconnaissait plus. Même les personnes qui lui sont habituellement proches ont perdu pour lui tout caractère de familiarité.

 

 

Prise en charge 

 

Actuellement, la prise en charge de la schizophrénie comprend : 

- Psychothérapie 

- Psycho éducation (on informe le patient sur sa pathologie, son évolution, ses traitements et leurs effets secondaires) 

- Traitements pharmacologiques (antipsychotiques, antiparkinsoniens, etc...) 

- L’électroconvulsivothérapie, et les interventions cognitives peuvent être utilisées

- Interventions familiales 

 

Effets secondaires : 

 

Dystonies :

 

Contractures musculaires du cou, de la bouche, de la face, du, avec mouvements involontaires variables dos (torticolis, trismus, ouverture buccale forcée), crises oculogyres avec plafonnement du regard.

 

Akathisie :

 

Impossibilité de tenir en place avec impatience incoercible des membres inférieurs.
Sensations très inconfortables. Très inconstamment contrôlé par les antiparkinsoniens, il s'atténue ou disparaît avec une diminution de la posologie du neuroleptique.

 

Parkinsonisme :

 

Tremblements, rigidité musculaire, diminution des mouvements.

Plus fréquent chez les femmes et les sujets âgés ; d'installation progressive.
Traité par diminution de posologie, changement de neuroleptique, correction par les antiparkinsoniens.

 

Syndrome malin des neuroleptiques :

 

Accident très rare mais gravissime, caractérisé par la survenue d'une hyperthermie, d'une rigidité musculaire intense de troubles de conscience, d'un choc cardio-respiratoire. Le traitement relève de la réanimation spécialisée. Le pronostic vital est en jeu, d'où l'arrêt instantané des neuroleptiques en cas de suspicion (fièvre rapidement ascendante sans explication claire sous neuroleptique).

 

Dyskinésie tardive

 

Effet indésirable tardif, grave en raison du risque d'irréversibilité et de ses conséquences handicapantes. Ce sont des mouvements anormaux qui touchent principalement la zone buccale (mâchonnements, grimaces, tics linguaux, déglutitions bruyantes), mais peuvent s'étendre à toute la musculature corporelle (mouvements des membres, balancements du tronc, piétinements).

 

Leur traitement est tout d'abord préventif. Toujours rechercher la posologie neuroleptique minimale efficace et la durée de traitement la plus courte. 
 

 

Effets indésirables psychiatriques

 

Etats confusionnels plus fréquemment chez le sujet âgé.

Effet dépressiogène propre aux neuroleptiques. Leur fréquence de survenue impose une surveillance très attentive de l'état thymique de tout patient recevant un traitement neuroleptique.

Etats d'indifférence et de passivité, avec désintérêt intellectuel, retrait social et réduction des activités. Sédation trop forte, risque de chute.

 

Effets indésirables somatiques 

 

Sécheresses buccales, précipitation d'un glaucome à angle fermé, dysuries et des rétentions d'urine, constipations, fécalomes et iléus paralytique chez les sujets âgés mal surveillés.

A noter qu’il est possible de rencontrer des patients présentant une hypotension orthostatique qui est fréquente avec les sédatifs beaucoup, mais moins prononcée avec les neuroleptiques puissants.

Des morts subites par arythmie ventriculaire ont été rapportées. 

 

 

L'ostéopathie 

 

 

L'ostéopathie est une méthode de soins qui s’emploie à déterminer et à traiter les restrictions de mobilité qui peuvent affecter l’ensemble des structures composant le corps humain.
L'ostéopathe utilise ses mains et donc le contact physique pour traiter ses patients. Plus d'information sur l'article de la recette du bien-être sur l'ostéopathie.

 

A partir de là nous avons pu établir différentes hypothèses sur la place de l'ostéopathie dans la prise en charge du patient schizophrène, la principale étant : 

 

Hypothèse de l'amélioration de la qualité de vie

 

Le patient schizophrène ignore sa maladie. La perception qu’il a de la réalité et donc de son corps est tronquée. Difficile alors, voire même impossible pour lui d’exprimer une plainte de façon cohérente.

 

L’ostéopathe établit un diagnostic ostéopathique (ATTENTION : différent d'un diagnostic médical) grâce aux perceptions qu’il reçoit en testant son patient. Il lui est donc possible d’établir un axe de traitement sans avoir à communiquer verbalement avec lui. On parle d’ « écoute des mains ». Il s’agit de ressentir des hypo mobilités ou hyper mobilités ou encore des attirances fasciales par des tests spécifiques et ostéopathiques.

 

Ceci est un atout majeur de la prise en charge par un ostéopathe, surtout quand il s’agit de traiter des patients non communiquant. L’ostéopathe sera plus aptes à déterminer des troubles dont le patient n’aura peut être même pas conscience mais qui dégraderaient sa qualité de vie. 

 

Après une longue discussion pluridisciplinaire avec le personnel encadrant (éducateurs, psychiatre, administrateurs), nous concluons qu'il est important, non seulement de prouver, s'il existe, l'intérêt de l'ostéopathie dans la prise en charge des patients schizophrénes, mais également de trouver un intérêt supplémentaire à ce qui existe déjà. 

 

Que peut apporter l’ostéopathie de plus ou de mieux à ce qui existe aujourd’hui ?

 

 

Etude 

 

Une étude suivant un protocole expérimental a permis de mettre en évidence une différence significative, entre un groupe test et un groupe témoin, sur la valeur des items « Santé », « Symptôme psychiques » et « Bien être » du questionnaire EQVS (Echelle de la Qualité de Vie des Schizophrènes de Jean Kaswa Kasiama) après une prise en charge ostéopathique.

 

Détails sur l'étude 

 

Cette étude a été réalisée sur un groupe de 20 patients schizophrènes. 10 d'entre eux ont été pris en charge.

Les 20 patients ont répondu au questionnaire avant la prise en charge de la moitié d'entre eux. Un second questionnaire a été rempli 21 jours après la consultation. 

 

 

Cet article est tiré du Mémoire d'étude "Apport de l'ostéopathie dans la prise en charge des patients atteints de schizophrénie." de Olivier Ntsiba, Ostéopathe D.O. Soutenu publiquement devant un jury national le samedi 28 septembre 2013 et ayant obtenu la mention très honorable et les félicitations du jury. 

 

Voir également :  avancées scientifiques récentes 

 

Olivier Ntsiba Ostéopathe D.O.